HIAS

Guillaume
Fuchs

HIAS

27.01 — 18.02.23
Vernissage: 

Jeudi 26 janvier dès 16h

News from Walpurgis

 

Un labyrinthe n’a rien d’innocent. Pas moins qu’un dessin. Dans les deux on peut se perdre. On peut aussi, par la suite, essayer d’en imaginer le plan, ou peut-être en atteindre les limites. Le labyrinthe se trame pour bluffer l’orientation, les repères, les déplacements. Ainsi font ceux qui légendent les murs de ce dédale éphémère. Des couloirs de papier où se mêlent en trompe l’oeil, des icônes chauffées au bois d’un feu ancestral : parements allégoriques aux parois d’une grotte primitive ? Chaque chose semblerait disposée en vue d’une initiation. Gargouilles, pays de cocagne ou naïades repoussent, appellent ou guident, selon. En revanche si un message sibyllin se dessine de sous les cendres, un bruit continu s’obstine par ailleurs à noyer le sens même temporaire de ces images. Qu’est-ce qui nous attend au bout du couloir? S’égarer dans l’un, se retrouver dans l’autre ?

 

Le premier dessein du contre-maitre de cérémonie Guillaume Fuchs, nous initie aux digressions d’une nouvelle iconomachie : clichés, héros, saints, pantins, martyres, paradis et dystopies se livrent elles-mêmes bataille à l’usure. Le papier n’en rend par moments que l’image de brûlure. 

Mais pour la réussite complète du dessin initiatique, de fausses pistes doivent être sans cesse échafaudées. Le trouble, l’incantation, la magie noire, et autres moyens de distorsion perceptive seraient utilisés inlassablement pour l’éclat final du message. La déroute est un souhait. Le visiteur (trop) respectueux s’égarerait en digressions, buterait sur des raccourcis. En revanche le modeste itinéraire sur papier d’un oeil d’initié et ce sont des chapitres inédits d’une histoire librement générés. Des gestes, des anecdotes ce vestibule n’en manque pas. Il en génère même toutes les minutes.

Le risque mineur de l’assemblé est que le dessin soit mis à sac : en échec même. Les icônes décapées. Les ornements et les décors auraient alors le dessus et les héros s’avéreraient lâches. La dernière métaphore aura le coup coupé. La caricature aura tiré toutes ses balles. Son corps vidé saura à nouveau être poésie, de mille et une autres façons encore.

 

Parmi les mythes et les légendes en déliquescence, une apocalypse inédite s’impose. Montrer ou cacher ne s’annulent plus ici. Les créateurs modèlent, façonnent. Les censeurs découpent, arrachent. Certains auraient carrément mordu et mangé, qu’une nouvelle jambe, une nouvelle tête avait déjà fait place à l’ancienne. Le fléau à venir avec ses mille têtes et ses sept trompettes nous narguent moqueuses. Un temple élevé à la dystopie, s’écoeurent certains d’entre nous? D’autres plus avancés se demandent :  « Jusqu’où nous arrêteront-ils ?»

 

La déflagration initiale a été bien puissante pour qu’on oublie aussi vite la destination de notre mouvement. D’ailleurs avec quelle attente légitime on se mettrait en marche vers l’inénarrable? 

L’heure est au crayon taillé à ses deux extrémités, signe que tout a deux fins. La main qui tient le crayon est pile au milieu. Elle dessine. Elle dessine. Pas sûr que quelqu’un la commande en ce moment. Mais on la suit nous aussi. Ce n’est pas forcément pour arriver qu’on s’est mis en route.

 

Nicola De Marchi, 2023

 

 

Présence de l’artiste les samedis de 14h à 18h 

Avec le soutien du Fonds cantonal d’art contemporain, DCS, Genève

Horaires: 

mardi - samedi : 14h / 18h